Gros plan d'une jeune fille blanche aux cheveux long brun en train de faire une grimace en tenant un gobelet blanc avec une paille verte.

Rester soi-même pour affronter les difficultés selon Squid Game

On soutient souvent que rester soi-même permet de se démarquer (notamment en business).

Que c’est un critère essentiel pour être heureux.

Ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire.

Mais oser être soi est surtout, à mon sens, une vraie nécessité pour pouvoir surmonter les situations difficiles.

Et c’est avec Squid Game, la série phénomène du moment, que je vais vous le démontrer…

Attention, article 100% spoiler

« Vous êtes mort. Oui oui vous avez bien entendu, si on vous jette hors de la ligne, vous êtes mort » entend-on au tout début du premier épisode quand le narrateur nous livre en détail les règles du jeu du calamar.   

Cette scène d’ouverture prend tout son sens à la fin, lors dudit jeu qui est la dernière épreuve décisive , faisant de Seong Gi-hun (joueur 456) le grand vainqueur final (je vous l’avais dit, c’est 100% spoiler!)  

Le protagoniste de la série Squid Games est un exemple parfait de quelqu’un qui sait garder son caractère unique, rester fidèle à ses principes et ses valeurs, en toute circonstance. Et je fais ici le pari que c’est exactement cette capacité à se respecter soi-même  qui le sauve ! 

Et pourtant, il n’est pas continuellement lui-même du début à la fin, il devra faire des choix… 

On peut parfois vivre dans des contextes contraignant et s’oublier soi-même, jusqu’à adopter un comportement totalement opposé à ses propres valeurs

Peut-on ne pas être soi-même ?

Tomber dans un cercle vicieux

Par exemple, tout cet enfer de Squid Games commence par une histoire de dettes. 

Les participants au jeu (les joueurs mais aussi peut-être le personnel en uniforme, selon certaines hypothèses) doivent des sommes d’argent considérables et vivent dans des situations de précarité et de misère. 

Ils signent, sous menace de mort, des clauses de non-responsabilité permettant à leurs créanciers de leur enlever un rein ou un oeil en cas de non-paiement (à noter qu’il s’agit de l’exercice illégal toujours d’actualité en Asie du Sud et Sud-Est). 

La plupart se retrouvent donc dans cette situation sordide pour se donner une chance de sortir de la misère.

Les dettes, c’est se sentir redevable de quelque chose, et c’est bien ce qui assujettit les personnes qui terminent exposées en spectacle devant VIP (et par extension le spectateur NetFlix…), telles des bêtes de foire, les mettant en esclavage, leur faisant perdre la liberté d’être soi.   

En effet Gi hun, le protagoniste, est tout sauf lui-même lors du premier épisode. Bien qu’on le sente culpabiliser, il vole sa propre mère, perd l’argent au tiercé, se retrouve même incapable d’offrir un cadeau d’anniversaire à sa fille. 

La misère est totale, la décadence touche son point culminant et il est obligé à signer la clause de non-responsabilité sous la menace de ses créanciers. Les difficultés s’accumulent. Il rejoint ce jeu qui semble être sa seule issue.

Agir de façon non consciente

Comment être soi-même également quand nous n’avons pas conscience de la situation que nous vivons ? 

Gi-hun s’embarque dans un jeu sur le caractère duquel il ne dispose d’aucune information de la part de l’inconnu du métro, à part le gain financier important. Par la suite, les joueurs qui y ont souscrit, et lui-même, arrivent sur le lieu du jeu sans en être conscients ; ils sont même littéralement inconscients, pulvérisés par un gaz afin de garder secret le lieu du jeu.

Enfin, le jeu d’enfant « 1,2,3 Soleil » sert de mot de passe pour rentrer dans le van qui conduit les participants à la destination fatidique. Le protagoniste la prononce avec l’insouciance d’un enfant. Il exprime cette insouciance sur la photo qu’on prend de lui avant le début du premier jeu. Il affiche un large sourire béat. Il n’a pas conscience du danger réel de la situation.

Gif d'un homme asiatique faisant un sourire, l'air heureux

Se cacher derrière un masque

On dit souvent qu’on porte un masque, quand nous n’arrivons pas à communiquer nos pensées et émotions sincèrement aux autres. Quand nous avons besoin de prétendre être quelqu’un d’autre que celui qu’on est réellement. 

Le masque, dans son sens propre, cache notre visage et, dans son sens figuré, cache notre être profond, celui qu’on est vraiment

Le masque, dans la série, protège la vie de celui qui la porte (« tu connais la règle, si t’enlèves ton masque tu meurs ») et en même temps permet d’anesthésier ses émotions et son empathie. On ne tue pas facilement celui qui n’a plus de masque (on se rend compte de son humanité : « tu es un gamin comme moi ! »)

Cette couverture du visage est un symbole éloquent de l’effacement de soi-même, voire de l’inhumanité. 

Se faire passer pour quelqu’un d’autre

Dans cette série, l’identité de la personne est souvent altérée ou faussée : 

Le vieux Oh Il-nam se dit participant alors qu’en vérité il est le MasterMind, le concepteur de ce jeu mortel. La révélation de son identité coïncide avec sa mort. Comme si son vrai caractère ne pouvait pas survivre longtemps sans masque.

Le policier usurpe l’identité de trois personnes consécutives (un soldat, un manager, un serveur des VIP). Une fois son vérité révélée, qu’il s’agisse de son identité ou l’identité du Leader (moment spoiler : son frère) il se fait descendre. Il semble impossible dans ce monde de réussir à conserver sa véritable identité.

Tous ces exemples, seraient-il un moyen de montrer que dans le jeu moderne des représentations sociales, le Soi a difficilement sa place ? Que porter un masque serait le seul moyen de survivre ? 

On pourrait être porté à le croire. Mais, ce n’est peut-être pas une fatalité… 

Gif d'une personne portant un masque noir couvrant totalement son visage. Sous-titrage :

Comment se retrouver soi-même malgré les difficultés de la vie….ou grâce à elles !

C’est en rejoignant ce jeu funeste, rempli de difficultés et de dangers, que Gi-Hun semble révéler son soi authentique, c’est là où il parvient à retrouver sa nature et ses principes. 

Se souvenir de soi-même

Le joueur 456 rappelle constamment l’importance de se souvenir de qui on est

C’est bien lui qui incite tout le monde à se présenter, à donner son identité réelle, celle qui se cache derrière un nombre.

“Connaître nos noms permettra de créer un climat de confiance” soutient-il en soulignant la corrélation entre confiance et être soi.  

Au tir à la corde, on le positionne en meneur. Selon la technique donnée par le joueur 001, tous les membres de l’équipe regardent leur meneur. S’il apparaît faible ou découragé, tout le monde flanche. 

Gi-hun représente donc bien l’intégrité. Cette qualité qui fait que même dans des situations critiques, on saura rester solide, on saura tenir, malgré la peur. Celui en qui on peut faire confiance.

Gif montrant un groupe d'hommes asiatiques tirants sur une corde (jeu du tir à la corde).

Faire confiance aux autres

Les autres sont là pour nous rappeler notre identité quand on l’oublie nous-mêmes.

Cette intégrité justement flanche lors de l’épisode 6, au moment de l’énorme pression produite par le jeu de billes.

Son Ggambu (joueur 001) lui demande alors : “et profiter de moi pour gagner, c’est juste ?

Une gifle pour Gi-hun, qui prend conscience de qui il est en train de devenir.

De même, lorsque il s’apprête à attaquer Sang-Woo au couteau,  Sae-Byeok l’en empêche en lui rappelant “non, ne fais pas ça, tu n’es pas comme lui”. C’est dans ces moments de pression, quand sa vie est en jeu, qu’il se souvient de sa nature profonde .

C’est vraisemblablement ce qu’il lui permet d’en sortir vivant.

Comment rester soi-même ?

Assumer son intégrité face aux autres

Au fil des épisodes, Gi-Hung est de plus en plus fidèle à sa conscience de plus en plus.

Il crée par exemple un lien avec II-Nam, le joueur le plus vieux (jugé comme étant le plus faible), à qui il proposera de faire équipe lors d’un jeu en duo, alors qu’il est rejeté par tous les autres (étant persuadés qu’il les ferait perdre).

Et lorsque Sae-Byeok se retrouve menacée par Deok-Soo et sa bande, Gi-Hung ne peut s’empêcher de l’inviter à rejoindre son équipe pour la protéger (et ce, bien qu’elle lui ait précédemment volé son argent !).

On voit clairement que notre protagoniste conserve sa nature humaine, s’oppose aux injustices et ose mener seul des actions concrètes pour aider les autres.

Gif gros plan d'un homme asiatique tendant la main en parlant. Sous-titre :

Être en phase avec soi-même

Lors du dernier jeu, Gi-Hung a l’opportunité de tuer Sang-Woo pour s’assurer la victoire. Malgré le risque de se faire trahir une nouvelle fois par son ami d’enfance, il décide cependant de l’épargner et rester lui-même jusqu’au bout (c’est-à-dire : pas un tueur).

À la toute fin de la saison, lorsqu’il découvre la réelle identité du joueur 001, celui-ci lui demande “Vous faites toujours confiance aux autres ? ” et, en effet, Gi-Hun montre une nouvelle fois qu’il ne transige pas avec ses principes.

Pourquoi rester soi-même ?

Survivre dans un monde que l'on ne comprend pas

Il s’agit d’un monde, en apparence, extrêmement ordonné.

L’ordre règne.

Tout est règles. Réfléchies en amont et appliquées scrupuleusement par tous.

L’affect n’a pas sa place : pas de pitié, pas de compassion, mais pas de vengeance non plus.

Ce n’est qu’un jeu, avec ses règles.

Ni moins, ni plus.

On ne tue personne gratuitement. Si on joue selon les règles, on survit. Sinon on meurt. Simple. Logique. 

Et pourtant, si on regarde un peu plus loin, tout est incompréhensible.

« Je crois avoir compris » dit un des joueurs avant de sauter sur une dalle de verre trempée, croyant qu’il s’agissait de la bonne, celle qui ne se brisera pas.

Mais elle se brise.

« T’as rien compris » lui répond avec mépris Seong-ku.

Impossible de raisonner ici et d’avoir une prise sur le monde qui les entoure.

Ainsi va pour d’autres joueurs lors du même jeu, comme celle qui a cru deviner la disposition des dalles, comme une sorte d’algorithme (« si la dalle d’avant était à gauche, celle d’après est à droite », sauf que…. que dalle ! (jeu de mot que j’assume à moitié). 

Gif montrant 3 personnes portant une combinaison rouge et un masque noir. Sous-titre :

Se faire respecter dans un monde où le soi n’a pas sa place

Quelle est la place de l’individu dans un groupe qui semble l’effacer ?

Ils portent tous les mêmes vêtements, les mêmes chaussures, mangent exactement la même quantité des mêmes aliments.

Ils sont même  interchangeables : le policier change des masques et d’identité, ou les joueurs 001 et 456 de vestes. Ils ne sont plus des individus mais des parties d’égale valeur.

Gi-Hun refuse cette déshumanisation, il ose être lui-même, ce qui lui fait gagner le respect de ses camarades.

Il a beau être habillé comme les autres, il se démarque par sa solidarité et sa bienveillance.

Même son ami d’enfance, qui, lui, a sacrifié tous ses principes et n’a pas su rester lui-même, finit par se suicider à la fin et confirme la victoire de Gi-Hun, peut-être par respect pour ce dernier et une certaine honte pour lui-même.

Gi-hun est le reflet de celui qu’il n’est plus.

Rebondir après une période douloureuse

Sorti vainqueur de son expérience mortelle, Gi-Hun est traumatisé et sombre dans la dépression (comme quoi, non, l’argent ne fait pas le bonheur !). 

Il n’accepte pas sa victoire dans un jeu qui a provoqué la mort de 455 personnes.

C’est une fois l’identité de l’Il-nam révélée, que notre “héros” comprend que cette victoire fait partie de qui il est. Son histoire fait partie d’un parcours qu’il faut assumer dans son intégralité.

Il est Gi-hun, le bienveillant, le solidaire, l’intègre mais aussi le vainqueur de Squid Game !   

On le voit regagner confiance en lui et se transformer, en intégrant son histoire : il se teint même les cheveux en rouge, la couleur du sang versé.

Il tient ses promesse de prendre soin des familles de Sae-Byeok et de son ami d’enfance et finit même par décider de rendre visite à sa propre fille aux Etats-Unis.

C’est vraiment le fait de se retrouver soi-même qui le fait, à ce moment-là, réagir et passer à l’action.

Rester soi-même : la leçon avec Squid Game

Le monde décrit dans la série Squid Game est une image du nôtre.

La libre concurrence, la loi du plus fort, le règne du “marche ou crève”, la course après l’argent…

Tout ce qui constitue la société moderne.

Les VIP qui se delectent du spectacle malsain, rappellent le voyeurisme d’une société ultra-connectée, assoiffée du malheur des autres. 

Et pourtant, rester soi-même pour trouver son équilibre et aller de l’avant reste toujours possible.

Et c’est peut-être la seule issue pour conserver notre humanité.

Gif. Poupée en plastique géante en train de danser devant un arbre.

Ressources pour aider à rester soi-même

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